L’APPRENTISSAGE DE LA MUSIQUE POURRAIT ÊTRE BÉNÉFIQUE POUR LA MÉMOIRE, LE DÉVELOPPEMENT DES FONCTIONS COGNITIVES ET MÊME LA GESTION DES ÉMOTIONS. BONNE NOUVELLE: IL N’EST JAMAIS TROP TÔT POUR COMMENCER! Par Julie Loiselle
« POUR AIDER LE JEUNE APPRENTI, IL FAUT FAVORISER LES EXPLORATIONS SONORES EN LUI PERMETTANT DE VIVRE DES EXPÉRIENCES MUSICALES, QUE CE SOIT PAR L’ENTREMISE DE VRAIS INSTRUMENTS OU DE SUBSTITUTS, COMME DES CHAUDRONS, DES CUILLÈRES EN BOIS ET DES PLATS EN PLASTIQUE. »
Dans sa conférence TED intitulée The Benefits of Music Education, la musicienne et professeure détentrice d’un doctorat sur le pouvoir de l’éducation de la musique sur le développement du cerveau Anita Collins avance que les enfants pourraient voir leur quotient intellectuel augmenter en élargissant leur compréhension du quatrième art. Ce que ça veut dire, concrètement? Ils seraient en mesure de résoudre des problèmes plus aisément et de manière plus créative, et auraient un quotient intellectuel plus élevé, particulièrement ceux qui ont appris à jouer d’un instrument de musique avant l’âge de 7 ans.
Un effet dès la naissance
Collins explique que les bienfaits de l’apprentissage de la musique sur le cerveau viendrait du fait que «nous naissons tous en tant qu’êtres musicaux». À aussi peu qu’un seul jour de vie, un poupon réagirait aux sons plus qu’à tout autre stimulus: «À l’aide d’un appareil de résonance magnétique, nous avons analysé le cerveau de quelques bébés nés depuis un à trois jours. Lorsque leur mère leur parlait, ils utilisaient la partie de leur cerveau qui traite la musique pour l’écouter.»
Après 12 sessions de jeu, les chercheuses ont utilisé la magnétoencéphalographie (MEG), une technique d’imagerie, avec laquelle elles ont pu examiner l’activité cérébrale des bambins pendant l’écoute de plusieurs séries de sons et de mots, dont certaines avec un rythme perturbé. Elles ont alors constaté que les cortex auditif et préfrontal des bébés ayant suivi l’apprentissage musical réagissent plus fortement aux perturbations rythmiques que le groupe témoin. Cela indiquait aux chercheuses que les enfants ayant reçu une stimulation musicale étaient en mesure de détecter cette «cassure» rythmique. Or, ces deux parties du cerveau sont notamment impliquées dans le traitement de la musique et des nouveaux sons associés au langage.
La musicothérapeute Tanya Lavoie est d’accord avec ce postulat, qu’elle observe dans le cadre de son travail auprès de nouveau-nés prématurés. Selon elle, un enfant prématuré dépense de l’énergie inutilement lorsqu’il vit des épisodes de stress, ce qui ralentit sa croissance. Afin d’éviter que ça se produise, la thérapeute utilise sa voix, de la musique ou des sons adaptés à la situation du bébé pour le sécuriser ou détourner son attention de la douleur. Mme Lavoie enseigne d’ailleurs ses techniques aux parents pour qu’ils puissent prodiguer eux-mêmes ces soins salvateurs: «Car le bébé préférera toujours la voix de sa maman à la mienne», souligne-t-elle.
Premières expériences musicales
Comme on reconnaît de plus en plus que l’éducation à la musique serait profitable au développement de l’enfant, il n’est pas étonnant que de nombreux parents désirent y initier leurs tout-petits.
Selon Tanya Lavoie, pour aider le jeune apprenti, il faut favoriser les explorations sonores en lui permettant de vivre des expériences musicales, que ce soit par l’entremise de vrais instruments ou de substituts, comme des chaudrons, des cuillères en bois et des plats en plastique. On peut aussi inciter l’enfant à taper dans ses mains ou avec ses pieds, de telle sorte qu’il se familiarise avec la rythmique.
Dès la naissance, il peut s’avérer bénéfique pour le bébé d’être initié à la musique, notamment par les berceuses. Il faut toutefois rester prudent avec un poupon prématuré, qui pourrait se sentir agressé par certains sons. «Même dans le cas d’un nouveau-né à terme et en santé (...), il faut s’assurer qu’il apprécie le moment.» Si des inconforts se manifestent – par exemple un détournement du regard ou des pleurs –, mieux vaut cesser l’expérience et la remettre à plus tard, quand le bébé sera actif, calme et prêt à recevoir cette nouvelle stimulation.
Les bénéfices des cours d’éveil
«Les cours de musique destinés aux enfants devraient être vus comme essentiels», affirme Anita Collins dans sa conférence TED. Heureusement, un peu partout dans le monde, des professionnels proposent des cours d’éveil à la musique, notamment aux tout-petits de 0 à 18 mois.
À cet âge, les cours prennent la forme de stimulations auditives et de découvertes de divers instruments, qui permettraient aux bébés apprentis d’intégrer les bases de la musique et d’activer le développement de leur cerveau.
Selon la musicothérapeute Tanya Lavoie, les parents ont intérêt, eux aussi, à assister aux cours d’éveil de leur progéniture: «Les nouveaux parents sont souvent fatigués, dit-elle. Ça leur donne la chance de prendre une pause et d’avoir des interactions agréables avec d’autres familles et le professeur de musique.» Comme quoi on a tous quelque chose à y gagner, qu’on vienne d’arriver dans ce monde... ou qu’on ait déjà quelques rides!